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Le Pain Contrefait

 


La vente à l'enfer

Le Pain Contrefait

La crosse qui goutte

Ils dissimulaient les parfums dans leurs pions

Une petite flûte de piquette

La fine était dans le pion

Une grosse défense pour des petits pions

Les pions étaient bien effilés

Mettons Sybille en terre

Sifflée à mort par un badaud-maso

Il défonce la porte à coup de mine

mettre un coup de batte dans l'hirondelle

La batte s'est coincée dans la glissière

La rouille fait caler

Marine provoque le pire

sa rage habite et galope

les grandeurs font les glaives

lésés du job

Marine colle au pognon

l'engeance nous accule

Elle fignole les pétards

Son flanc est grippé

Ajouter un peu de feu dans les braises

Elle ne nuit qu'à Joël

S'immoler sous une mule

Laisse entrer la flique

Pistaches et Boulette

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pile_of_pistachios.jpg

(Un texte ultra-romancé mais véridique).

À 16 ans, une activité importante c’est de me faire contrôler par les keufs. Il faut dire que j’ai un look, euh... un look, comment dire… Bon j’ai un look, OK ?

Je ne comprends pas bien pourquoi les flics cherchent tout le temps à savoir qui je suis. Mais ça ne me dérange pas. Après tout j'ai 16 ans, moi aussi je cherche qui je suis. Je me trimbale avec un immense parka mi-kaki mi-Javel avec de grandes poches. Parfois ils veulent aussi savoir ce qu’il y a dans mes poches.

Des pistaches.

Dans mes poches il y a des pistaches. En tout cas ce jour-là à la gare Saint-Lazare, lors du contrôle d'identité. Des pistaches j'en ai des tas. Parce que mon grand-père fait la nuit à Rungis et m'en ramène par paquets kraft d'un kilo. Ou parfois des amandes, des cacahuètes.

Dans ma poche gauche il y a le paquet entamé. Dans la droite je mets les coquilles. Je ne jette pas par terre. Je grignote à longueur de journée. Il est midi, et donc les deux poches ont sensiblement le même volume.

Me contrôler mobilise trois flics. Un gosse de 16 ans pensez donc. Mais bon, j’ai un look, OK ? Ils souhaitent savoir qui je suis ; facile, je le leur dis. Ils souhaitent vérifier ; facile, je produits ma carte d’étudiant. Ils souhaitent savoir ce que j’ai dans mes poches.

- Des pistaches.

- C’est ça, prends-nous pour des cons.

- Et dans l’autre poche, t’as des pistaches aussi ?

- Non. Si. Enfin que les coquilles.

- Tu gardes les coquilles des pistaches ?

- Je ne jette pas par terre.

- Oh les gars, on est tombé sur un malin.

- Allez, le comique, tu nous vides tes poches direct !

Je sors le paquet de ma poche gauche. Je ne sais pas d’où viennent les pistaches de Pépé. Mais sur le kraft c’est inscrit dans un alphabet exotique. Le genre d’exotisme qui ne fait pas rêver la police.

Et là, je n’en reviens pas : un flic plonge la main dans le paquet et goûte une de mes pistaches. Direct ! Mes parents le payent avec leurs impôts et lui il me taxe une pistache. Et quand bien même ! C’est un inconscient ou quoi ? Et si c’était du Plutonium ? De la came ? De la mort aux vaches ?

Au point où j’en suis je demande s’ils veulent vérifier les coquilles. Je joins le geste à la parole et sors une pleine poignée de ma poche droite.

- Laisse tomber le comique on t’a assez vu.

- Et fait toi faire une carte d’identité.

- Ouais, parce qu’une carte d’étudiant ça suffit pas.

- (dans ma tête) Ben là ça a suffi non ?

Mais je n’ai pas envie de discuter.

Une boulette

Le soir tombe. Toutes mes pistaches sont boulottées. Dont une par un flic. Ma poche de droite est au max de son volume. Avant de rentrer à la maison j’avise une poubelle. J’enlève mon parkanarchiste et je secoue. Toutes les coquilles coulent dans la poubelle. Suivie d’une petite sphère en papier aluminium.

Oh putain la boulette !!!

La boulette de shit que ce mec sympa m’avait donné, fontaine Saint-Michel, il y a bien un mois :

- Essaye mon pote c’est super cool.

- Mais j’ai pas d’argent là. Tu veux des amandes ?

- Nan, prends cette boulette c’est cadeau, j’en ai autant que je veux.

Je n’avais pas essayé. À 16 ans, je travaillais à une tout autre addiction (les filles).

Et cette boulette, dont j’avais oublié jusqu'à l’existence, vivait depuis tout ce temps dans le fond de ma poche droite. En fait il avait raison le flic : une carte d’étudiant n’aurait pas suffi.

Un instant j’envisage une belle carrière de mule de gare. 500 g de shit dans chaque poche. Sous une fine couche de pistaches. Le plan parfait, que je ne trouverai jamais le temps de réaliser (les filles je vous dit).

Epilogue

Des décennies après, avec mon expérience de la vie, avec tout mon pouvoir de mémoire photographique, sémantique, sonore, émotionnelle, il me manque un détail clé de cette scène. Ce détail me taraude, me hante, me réveille transi dans l’effroi.

Sa coquille de pistache, le flic, il en a fait quoi ?

 

-- Metallurgeek

La fenêtre de Platon

Photo "La fenêtre de Platon" par Metallurgeek
Photo "La fenêtre de Platon" par Metallurgeek

La fenêtre de Platon

Jeune homme je me souviens, on m'a enseigné la caverne de Platon. C'était en cours de philo. Et à l'époque j'avais très mal compris.

À ma décharge, ma voisine de classe m'avait demandé de bien vouloir déposer un peu de vernis à ongles sur le haut de son bas, lequel venait malencontreusement de filer…

Hormones 1 – Platon 0.

Et donc j'en garde un souvenir assez vague. De la caverne de Platon hein. Parce que de ma voisine de classe je garde un souvenir plutôt précis.

J'ai compris qu'en gros le soleil symbolise la faculté de révéler les vérités essentielles. Il éclaire toutes les choses véritables au dehors. Mieux que ça, il éclaire les modèles idéaux des choses. Nous, pauvres humains, ne sommes pas dehors. Nous sommes à l'intérieur de la caverne. Là, nous observons au mieux les ombres portées. Des instances d'objets plutôt que les classes.

Ma voisine pendant le cours de philo s'appelait Jenny. Elle avait un large sourire, un menton franc avec une fossette, beaucoup de joie et de vie dans toute sa personne. Elle portait du vernis à ongles et un bas filé.

J'ai conservé le vague souvenir qu'un feu brûlait dans la caverne. Feu qui lui-même projetait des ombres. Ça m'a suffi pour en concevoir une récursion infinie, une caverne dans une caverne dans une caverne. Je ne sais pas si c'était dans l'idée initiale de Platon, je lui demanderai à l'occasion.

Jenny avait une maturité sensuelle et amoureuse infiniment supérieure à la mienne. À l'âge où tout en moi était panique, improvisation et vantardises fantasmées, Jenny était calme, certaine de sa séduction et honnête en sentiment.

De la caverne de Platon j'ai gardé l'idée que le raisonnement juste du philosophe permettait de s'en extraire. Sortir pour voir au-delà des apparences et des phénomènes. Comme on sort de la bouteille à mouches de Wittgenstein.

Ce matin de 2025, le soleil d'hiver traverse ma fenêtre. Les rayons roses de l'Est traversent la pièce et tracent un jeu d'ombres sur le mur intérieur. De cette lumière du dehors naît une autre fenêtre, projetée, ombrée, filigranée. Et pourtant idéale. Des images qui se répondent, en somme, des ombres où le vrai est partout pour peu qu'on l'observe avec intensité.

Je me souviens de la phalange de mon index effleurant le plus légèrement possible le haut de la cuisse de Jenny. Son sourire. Le hurlement du sang dans mes tempes. La gueulante du prof qui réclamait l'attention de la classe. « Bon sang, la caverne de Platon c'est essentiel ! Et je vous signale que ça tombe régulièrement au bac ! »

Je pense à tout ceci en regardant ma fenêtre d'ombre et de lumière. Et je sursaute quand, levée sans un bruit, tu viens m'enlacer les épaules.

-- Metallurgeek

Une heure d'insomnie en plus

Je republie ici ce texte écrit en une heure, précisément l'heure supplémentaire entre 2h et 3h du matin à la faveur du passage en heure d'hiver.


L'instant d'une collision

Ce dont l’humanité se souviendra c’est que ça a commencé à dix heures cinquante et une minute dix-huit secondes précises. Ou alors très exactement à cinq heures quarante cinq et sept secondes. À moins que ce ne soit pile à dix-sept heures deux minutes et cinquante secondes.

En tout cas ça a commencé partout en même temps.

Jérémy déboule tout essoufflé dans le grand café face au Jardin du Luxembourg. S’il y a bien une chose qu’il déteste c’est arriver en retard. Surtout qu’il croyait avoir tout fait pour être en avance. Du regard il balaye les personnes attablées. Grâce à la photo sur son portable il reconnaît Aïcha. Wahou encore plus belle en vrai ! Un instant Jérémy reprend son souffle et se refait une contenance. Enfin il affiche son plus beau sourire et avance vers Aïcha.

Au L.H.C. de Genève rien de va plus. La direction a rappelé tout le personnel disponible. Mais aucune expérience en vrai grandeur n’est autorisée. Trop dangereux pour l’instant. Si tant est que « pour l’instant » ait encore le moindre sens. Alors on cherche, on s’affaire, on émet des hypothèses. On gratte à la craie sur du tableau noir, au feutre à alcool sur du tableau blanc, on efface des équations d’un coup de chiffon rageur.

À l’école Chloé a tout juste le temps de se rasseoir que retentit, une fois de plus, la sonnerie de la récréation. La maîtresse en reste bouche bée. Les enfants se regardent incrédules. Un silence reste suspendu dans l’air. Et l’instant d’après ce ne sont que cris de joie et papiers qui volent : « Encore la récré, encore la récré ! » La maîtresse hésite entre contrariété et résignation… de toute manière les CM1 il n’y a pas moyen de les tenir.

Aïcha a reconnu Jérémy dès son entrée fracassante. Elle regarde l’heure sur son portable. Quoi, une demi-heure d’avance ? Mais qui donc arrive avec une demi-heure d’avance pour un date ? Elle sursaute. Comment est-ce possible, elle vient à peine d’arriver et elle était pile à l’heure. Ah, Jérémy l’a vue et s’approche en souriant. Joli sourire d’ailleurs.

À l’hippodrome c’est n’importe quoi. Première fois que ça arrive ! Une partie des chevaux a démarré la course alors que l’autre n’était même pas sorti des boxes. Il a fallu annuler, recommencer, une fois deux fois. Pas moyen de les faire partir ensemble. De toute façon la moitié des spectateurs seulement était arrivée. D’autres étaient à la buvette attendant que ça commence dans dix minutes. Euh, non, dans trois minutes. Mais pas du tout madame, dans un quart d’heure voyons, on a bien le temps.

Au LHC on re-autorise finalement les expérimentations. Parce qu’il s’agirait de comprendre quand même ! Des particules accélèrent, tournent, tournent, tournent… et se ratent complètement. Les techniciens, les ingénieurs, les chercheurs, tout le monde s’énerve. Ça enclenche, ça reboote, ça pianote, ça griffonne, mais rien n’y fait. Plus moyen de déterminer ne serait-ce que l’instant d’une collision.

Chloé a suffisamment joué. Dos à un platane elle observe maintenant l’étrange ballet de la directrice. Perchée au sommet d’une haute échelle elle bidouille la sonnerie. Sûrement pour la débrancher pense Chloé, parce qu’elle sonnait vraiment à tout instant. Dehors des parents attendent. « Vous allez voir qu’ils vont encore nous les lâcher en retard ! » « Oh ben là ça va, c’est pas avant dix bonnes minutes, on a bien le temps de papoter. Et comment va-t-elle votre petite Chloé ? »

Partout dans le monde des gens vont rater leur rendez-vous, des réveils vont sonner trop tôt. Ou pas du tout. Des poulets cuiront trop longtemps, des trains partiront en avance, des lampadaires s’allumeront en plein jour… Plus tard on saura qu’il est arrivé des choses terribles, des accidents, des avions en perdition. Les gouvernements feront des déclarations sérieuses à la télé au journal de 20h17. Euh… 20h41 vous voulez-dire ? Non, non, plutôt 17h53.

Les militaires seront sur la brèche pendant des semaines jusqu’à constater qu’il n’y a plus moyen de synchroniser la moindre opération. Les mois qui suivront, et c’est bien triste, quelques physiciens se pendront de désespoir sans que quiconque – samu, médecin, famille – ne sache s’accorder sur l’heure du décès.

Mais pour l’instant, Chloé saute dans les bras de papa à la sortie de l'école. Pour l'instant Aïcha et Jérémy se demandent s’ils commandent deux autres cafés ou s’ils ne vont pas plutôt déambuler un peu sur les allées du Jardin du Luxembourg.

Vous êtes bien aimable

Je poste ce billet le 16 mars 2024. Il y a précisément quatre ans débutait en France le premier confinement sanitaire. Voici un texte de moins de 500 mots que j'avais écrit pour l'occasion.



GENDARME      Bonjour, votre attestation s’il vous plait.

PETITE DAME   …


GENDARME      Madame, s’il vous plait, votre attestation.

PETITE DAME   …


GENDARME      Madame, avez-vous rempli et signé votre attestation ?  Vous-savez bien, à cause du COVID là, À la radio ils ont dit, la pandémie.

PETITE DAME   …


GENDARME (inquiet)    Oh-là, mais c’est qu’elle ne va pas bien la petite dame. Eh oh, madame, vous m’entendez ? Eh Ohhh ? Tenez, regardez il y a un banc juste ici, à l’ombre de l’arbre. Asseyez-vous un instant, respirez. Respirez tranquillement. Voiiilààà… Ah vous reprenez des couleurs, j’ai cru que vous nous faisiez un malaise. Enlevez donc votre masque, c’est ça qui vous gêne aussi, vous le remettrez après allez.

PETITE DAME   Vous…  vous…  vous êtes bien aimable…


GENDARME      Ah ben voilà, elle parle la petite dame.  Vous habitez par ici ?  Vous avez de la famille pas loin ?

PETITE DAME   Je…  C’est-à-dire j’ai ma petite fille à côté de chez moi…  Elle est assistante maternelle.


GENDARME      Voulez-vous qu’on l’appelle ?  On va lui demander de venir vous chercher ?

PETITE DAME   Non non…  vous êtes bien aimable…  je vais bien…  je vais bien…  je vais bien.  Je veux rentrer chez moi…  vous êtes bien aimable.


GENDARME       D’accord mais moi je ne vous laisse pas vous relever tout de suite ma petite Dame. Vous vous reposez encore un petit peu s'il vous plait.  Comment vous appelez-vous ?

PETITE DAME (elle récite comme une enfant)    Je m’appelle Marceline Le Floch je suis née à Landerneau le 16 février 1929.  Je suis Française.  Vous êtes bien aimable.


GENDARME      Ne vous inquiétez pas, Madame, tout va bien.  Voilà respirez tranquillement.  Vous habitez loin ?

PETITE DAME   J’habite là-haut.  J’ai toujours habité là-haut…  Mais vous savez, la maison elle a beaucoup changé depuis.  Oh là là oui.  Je vais bien…  Je rentre chez moi maintenant.  Vous êtes bien aimable.


GENDARME      Vous êtes certaine ?

PETITE DAME   Oui, certaine. Vous êtes bien aimable.

Marceline se lève et part d’un pas égal.  Sur le banc, une flaque de pipi s’étale.  Des gouttes tombent entre les lattes.  Marceline marche quelques mètres.  Elle s’arrête.  Se retourne.  Un instant il y a cette chose impossiblement violente en elle. En contraste total avec son malaise et sa frayeur des minutes précédentes.


PETITE DAME   Vous savez jeune homme, on dit que je perds la mémoire mais moi je n’oublie pas ça. Parce que voyez-vous j’ai déjà été contrôlée ici.  En Novembre 1943.  Ils n’avaient pas été bien aimables.



-- Metallurgeek

Chaque 29 février je repense à Monsieur Kern

Il me parlait chaque matin, quelques minutes, à la sortie du Métro Austerlitz.  Je me souviens ses vielles paluches serrées sur le godet de café, qu’il – je cite – allait se jeter derrière la cravate.  Je ne crois pas qu’il ait jamais porté de cravate.

Après les politesses d’usage – Salut le p’tit étudiant fait meilleur aujourd’hui hein ? – son histoire commençait, recommençait, inlassablement.  Toujours le même début jamais la même suite : Tu vois mon père il me cognait dessus tout le temps.  Quand il picolait, quand il picolait pas.  Alors moi un matin j’avais 14 ans j’ai mis des trucs dans un sac-à-dos et je suis parti sur la route, et j’y suis encore !

C’était ça son début, invariable.  La suite se créait chaque jour en fonction de son humeur, de ceux qu’il – soi-disant – rencontrait sur sa route, de ce qu’il avait lu dans les journaux de la veille…  Il n’y avait jamais de fin, il se perdait complètement dans les détails et moi je devais y aller parce que bon c’est pas tout hein mais faut y aller quand même…

Je ne l’interrompais pas souvent, je ne lui faisais jamais remarquer les contradictions, les anachronismes manifestes.  Je l’écoutais.  Parfois il revenait au présent : Eh le p’tit étudiant, garde tes thunes et va plutôt me chercher un café aux quais, que je me le jette derrière la cravate.  Pas chez machin-truc c’est des cons.  Tu vas chez l’arabe et tu dis que c’est pour Monsieur Kern.  Quand c’est Mohamed il me fait pas payer.

Une fois Monsieur Kern m’a montré une souris qu’il avait assommée là où il vivait, une espèce d’hôtel chelou que son assistante sociale avait fini par lui dégotter.  J’l’ai bien choppé cette salope !  La souris hein, pas l'assistante.  Puis il revenait à son histoire : J’ai 59 ans et je suis toujours sur la route, j’ai changé mon sac à dos des dizaines de fois, mais moi j’ai jamais changé.  Regarde, ce sac là il est bien, je l’ai chouré au vieux campeur.  C’est des cons là-bas tu sortirais un semi-remorque sans payer qu’ils le verraient même pas.  Moi je crois qu’ils avaient très bien vu mais qu’ils avaient laissé faire.  Personne n’avait le cœur d’emmerder monsieur Kern.

Et puis un matin, pas d’histoire, pas de café.  Il disait qu’il était allé aux toilettes, qu’il avait – je cite – poussé trop fort et qu’il avait senti quelque chose craquer « par-là » en montrant son abdomen.  On allait lui faire des examens.  Pendant plusieurs jours comme ça : on va me faire des examens.  Et un matin, pas de Monsieur Kern.  Mohamed m’a dit qu’il était mort cette nuit.  Et il m’a griffonné le numéro de son assistante sociale sur une serviette en papier.  Vague tristesse dans son regard et un geste du genre c’est comme ça.  Il me tend un café et refuse ma monnaie : le café c’est pour moi aujourd’hui.  Je le regarde avec un sourire : « Ben je vais me le jeter derrière la cravate alors. »  Je me souviens qu’on a ri.

À la crémation de Monsieur Kern nous étions deux : l’assistante sociale et moi.  Mohammed travaillait.  L’assistante a dit que d’habitude elle était toute seule.  Pendant tout le temps qu’il crémationnait je me demandais ce qu’était devenu son sac-à-dos et tout le fatras qu’il trimbalait là-dedans.  Une vie de route.  L’assistante n’en avait pas la moindre idée : vous savez, monsieur Kern il racontait quand même beaucoup d’histoires.

Oui, je savais.

Pourquoi je vous raconte tout ça aujourd'hui moi ? Ah oui, c’était un 29 février.


-- Metallurgeek

(repost) C'est moi qui décide !

La prise de décision est un processus cognitif complexe visant à la sélection d'un type d'action parmi différentes alternatives.


Dans la vie, dans le boulot, dans l'administration, il nous arrive de ne pas pouvoir décider tout seul. Alors il faut aller voir un décideur. Il en existe une infinie variété. Laissez-moi vous décrire quelques spécimens.


* Le décideur-que-oui
C'est certainement le décideur le plus apprécié. Il examine les éléments de décision : l'intérêt, l'opportunité, le budget, le risque. Il évalue aussi le contexte : le fun, la mode, l'état des troupes, etc. Et si c'est oui, alors il-décide-que-oui. Extrêmement responsabilisant.

* Le décideur que mmouaiffff bof pffff...
À l'instar du précédent, il peut décider que oui. Mais il affectera un air blasé en toutes circonstances. Il dit oui, mais du bout des lèvres. Double avantage pour lui : 1) il vous infériorise légèrement en suggérant que votre truc est blasant, 2) si ça rate il pourra affirmer qu'il n'y avait jamais cru vraiment.

* Le décideur-que-non
Il sait dire non et il sait que c'est une grande qualité. Alors il en abuse. En refusant, il se dispense d'examiner la totalité des éléments de décision. Il lui suffit de trouver un seul élément boiteux pour aussitôt avoir une bonne raison de refuser. J'adore ce type de décideur, parce qu'il-décide-que-non, mais moi je le fais quand même. Si ça rate c'est pour mes pieds (normal). Mais si ça réussi, il se peut que le décideur-que-non talentueux partage le mérite. Le décideur-que-non très talentueux saura même s'attribuer tout le mérite. Mais là c’est du grand art.

* Le décideur que NON, NON, NON ET NON!
Comme le précédent, mais en criant très fort. On en trouve de moins en moins et dans un sens tant mieux parce que moi, les gens qui crient très fort, ça me fait peur. Sauf au HellFest. Au HellFest c'est les gens qui ne crient pas qui me font peur.

* Le décideur que t'es viré
Fréquent aux U.S.A. parait-il. J'en ai rencontré un il y a très longtemps et celui-là me faisait vraiment peur, comme les zombies. Mais bon, il s'est fait virer.

* Le décideur qu'il faut remplir le dossier départemental de pré-questionnement anticipatoire 24 bis modifié 1975 alinéa-32-67
Merde, vous êtes à la sécu ! Tirez-vous en courant, tant pis pour le remboursement.

* Le décideur qu'il faut qu'on en parle
Lui c'est mon chouchou. Il diffère la décision mais il laisse la porte ouverte. Il donne de l'intérêt à votre proposition : il faut qu'on en parle.

* Le décideur qu'il faut qu'on en parle mais là je n'ai pas le temps
Variante astucieuse du précédent. En discutant avec un décideur-qu'il-faut-qu'on-en-parle, on est tenté de dire : "ben justement on en parle là". Certains sont désarçonnés. D'autres répondent stoïquement : oui-mais-là-tout-de-suite-j'ai-pas-le-temps". Imparable.

* Le décideur qu'il faut mettre la museek moins fort
Je peux pas le saquer celui-là ! Il y a peu de gens qui me révoltent mais là c'est abuser !

* Le décideur que vous êtes décidément très mignonne comme ça en jupette courte tournez un peu sur vous même pour voir
#BalanceTonPorc

* Le décideur que la machine de Turing va s’arrêter (ou pas)

* Le décideur qu'on va tirer à pile ou face
Alors ça c'est fort !

* Le décideur qu'on va tirer à pile ou face vous auriez pas une piece ?
Alors ça c'est très fort !

* Le décideur qu'on va prendre une bière
Très apprécié en fin de journée. Il m'arrive d'inventer des trucs débiles à décider rien que pour aller lui demander... et comme ça on va boire une bière. Après la bière, le problème à décider se pose en des termes beaucoup plus simples, genre : on en reprend une deuxième ?

* Le décideur que vous voyez ce que je veux dire ?
Celui-ci c'est G. qui me la soufflé dans un de ses commentaires ;) En général on ne voit pas du tout ce que ce décideur veut dire. Déjà voir ce que quelqu'un dit ce n’est pas facile. Alors voir ce que quelqu'un veut dire... Mais bon, souvent on dit quand même qu'on voit. Pour cacher qu'on ne voit pas. Vous voyez ce que je veux dire ?

* Le décideur que ce billet débile est terminé
Ça c'est moi :) Ou c'est vous, si vous avez décidé de terminer la lecture avant.

"L'instant d'une collision"

Une histoire courte écrite en une heure. Précisément pendant le changement d'heure 2023.


L'instant d'une collision

Ce dont l’humanité se souviendra c’est que ça a commencé à dix heures cinquante et une minute dix-huit secondes précises. Ou alors très exactement à cinq heures quarante cinq et sept secondes. À moins que ce ne soit pile à dix-sept heures deux minutes et cinquante secondes.

En tout cas ça a commencé partout en même temps.

Jérémy déboule tout essoufflé dans le grand café face au Jardin du Luxembourg. S’il y a bien une chose qu’il déteste c’est arriver en retard. Surtout qu’il croyait avoir tout fait pour être en avance. Du regard il balaye les personnes attablées. Grâce à la photo sur son portable il reconnaît Aïcha. Wahou encore plus belle en vrai ! Un instant Jérémy reprend son souffle et se refait une contenance. Enfin il affiche son plus beau sourire et avance vers Aïcha.

Au L.H.C. de Genève rien de va plus. La direction a rappelé tout le personnel disponible. Mais aucune expérience en vrai grandeur n’est autorisée. Trop dangereux pour l’instant. Si tant est que « pour l’instant » ait encore le moindre sens. Alors on cherche, on s’affaire, on émet des hypothèses. On gratte à la craie sur du tableau noir, au feutre à alcool sur du tableau blanc, on efface des équations d’un coup de chiffon rageur.

À l’école Chloé a tout juste le temps de se rasseoir que retentit, une fois de plus, la sonnerie de la récréation. La maîtresse en reste bouche bée. Les enfants se regardent incrédules. Un silence reste suspendu dans l’air. Et l’instant d’après ce ne sont que cris de joie et papiers qui volent : « Encore la récré, encore la récré ! » La maîtresse hésite entre contrariété et résignation… de toute manière les CM1 il n’y a pas moyen de les tenir.

Aïcha a reconnu Jérémy dès son entrée fracassante. Elle regarde l’heure sur son portable. Quoi, une demi-heure d’avance ? Mais qui donc arrive avec une demi-heure d’avance pour un date ? Elle sursaute. Comment est-ce possible, elle vient à peine d’arriver et elle était pile à l’heure. Ah, Jérémy l’a vue et s’approche en souriant. Joli sourire d’ailleurs.

À l’hippodrome c’est n’importe quoi. Première fois que ça arrive ! Une partie des chevaux a démarré la course alors que l’autre n’était même pas sorti des boxes. Il a fallu annuler, recommencer, une fois deux fois. Pas moyen de les faire partir ensemble. De toute façon la moitié des spectateurs seulement était arrivée. D’autres étaient à la buvette attendant que ça commence dans dix minutes. Euh, non, dans trois minutes. Mais pas du tout madame, dans un quart d’heure voyons, on a bien le temps.

Au LHC on re-autorise finalement les expérimentations. Parce qu’il s’agirait de comprendre quand même ! Des particules accélèrent, tournent, tournent, tournent… et se ratent complètement. Les techniciens, les ingénieurs, les chercheurs, tout le monde s’énerve. Ça enclenche, ça reboote, ça pianote, ça griffonne, mais rien n’y fait. Plus moyen de déterminer ne serait-ce que l’instant d’une collision.

Chloé a suffisamment joué. Dos à un platane elle observe maintenant l’étrange ballet de la directrice. Perchée au sommet d’une haute échelle elle bidouille la sonnerie. Sûrement pour la débrancher pense Chloé, parce qu’elle sonnait vraiment à tout instant. Dehors des parents attendent. « Vous allez voir qu’ils vont encore nous les lâcher en retard ! » « Oh ben là ça va, c’est pas avant dix bonnes minutes, on a bien le temps de papoter. Et comment va-t-elle votre petite Chloé ? »

Partout dans le monde des gens vont rater leur rendez-vous, des réveils vont sonner trop tôt. Ou pas du tout. Des poulets cuiront trop longtemps, des trains partiront en avance, des lampadaires s’allumeront en plein jour… Plus tard on saura qu’il est arrivé des choses terribles, des accidents, des avions en perdition. Les gouvernements feront des déclarations sérieuses à la télé au journal de 20h17. Euh… 20h41 vous voulez-dire ? Non, non, plutôt 17h53.

Les militaires seront sur la brèche pendant des semaines jusqu’à constater qu’il n’y a plus moyen de synchroniser la moindre opération. Les mois qui suivront, et c’est bien triste, quelques physiciens se pendront de désespoir sans que quiconque – samu, médecin, famille – ne sache s’accorder sur l’heure du décès.

Mais pour l’instant, Chloé saute dans les bras de papa à la sortie de l'école. Pour l'instant Aïcha et Jérémy se demandent s’ils commandent deux autres cafés ou s’ils ne vont pas plutôt déambuler un peu sur les allées du Jardin du Luxembourg.

La plus longue phrase de Boris Vian ?


Je n'ai pas encore vérifié tous les écrits de Boris Vian mais pour l'instant la phrase la plus longue que j'ai trouvé est dans L'Automne à Pékin. Cette phrase mesure 225 mots et 1165 caractères (avec la méthode de comptage de Microsoft Word).

Je ne résiste pas au plaisir de reproduire cette phrase ici. Boris Vian en auteur invité sur mon blog, ça claque !

"Après divers avatars, provoqués tant par la malignité des humains ou des choses que par les lois inexorables de la probabilité, ils se rencontrèrent à la porte de la salle des séances la quasi-totalité des y convoqués, qui s’introduisaient dans ce lieu après les frottements palmaires et éjaculations de parcelles de salive en usage dans la société civilisée, et que la société militarisée remplace par des ports de mains au chef et des claquements solaires accompagnés, dans de certains cas, d’interjections brèves, et hurlées de loin, ce qui fait qu’à tout prendre, on pourrait estimer que le militaire est hygiénique, opinion de laquelle on est forcé, quoique, de se défaire quand on voit les latrines d’icelui, avec une exception faite pour les militaires amerlauds lesquels chient en rang et tiennent leurs chambres à caca en état de propreté et d’odeur désinfectante constants, ainsi qu’il arrive dans certains pays où l’on soigne la propagande et où l’on a l’heur de tomber sur des inhabitants persuasibles par de tels moyens, ce qui est le cas général, à condition que la propagande ainsi soignée ne le soit pas à l’aveuglette, mais en tenant compte des désirs révélés par les offices de prospection et d’orientation, comme aussi de résultats de référenda que les gouvernements heureux ne manquent pas de prodiguer pour le bonheur encore accentué des peuplages qu’ils administrent."

Toujours l'Inde me déchire le cœur

Toujours, l'Inde me déchire le cœur. Je suis au guichet de l'hôtel. Deux bières dans le nez. Je checkout. Echange stéréotypé avec le gars. How was your stay, sir? Oh great, real great! La note, la carte qui ne passe pas du premier coup. Quelques échanges de paroles encore.

Puis je sens une impulsion, envie de parler plus. Envie de parler mieux. Depuis quelques années je commence à entendre un peu certains accents de l'Inde. Je m'essaye à mon nouveau talent: Scuz'me sir, your from Tamil Nadu, right? Immense sourire du gars. En un instant, nous venons de basculer dans autre chose.

Notre conversation durera, quoi, un quart d'heure ? Parce que plus, il risquerait de se faire houspiller par un manager qui lorgne vers nous.

Un quart d'heure, c'est assez pour qu'il me parle de Avul Pakir Jainulabdeen Abdul Kalam. Parce qu'il venait du même endroit que lui, Rameswaram. Parcce qu'Abdul Kalam l'avait impressionné, petit, à l'occasion d'une visite à son école.

Notre conversation continue. Il raconte, dans un anglais impeccable, qu'il y a trois ans il ne parlait que le Tamil. Sur une tablette il me montre le pont Rama Sethu. Il revient à Abdul Kalam et me dit que c'est grâce à lui qu'il s'est mis à bosser comme ça, à apprendre. Il a débarqué en bus de son Tamil Nadu, il a fait des chiottes, ciré des pompes, nettoyé des chambres, servi des cafés, servi des riches au restaurant. Et le voilà au frontdesk maintenant. Il me dit qu'il entend tous les accents du monde chaque jour et que plus il apprend plus il apprend.

Toujours l'Inde me déchire le cœur. 

Je remonte doucement dans ma chambre. Je pense à mon père mort il y a deux mois. Lui qui adorait l'Inde sans y être jamais allé. Je pense au destin du jeune homme au frondesk, à notre élan d'empathie d'un quart d'heure. Une larme imbécile au coin de l'oeil. Je pense que je vieilli un peu et que deux bières c'était une de trop.

Puis j'ouvre mon laptop et je vous écris ça sans même relire les fautes. 

(repost) Star Wars et demi

Allez tiens, j’évoque un souvenir lointain. Un souvenir de geek.


Nous sommes en 1977 / 1978 par là. Je suis tout gamin, encore inconscient du fantasteek destin que je me forgerai un jour à la force de ma pensée phénoménale (je commence demain). Or donc à cette époque j’ai un âge très précis : l’âge où c’est important que ton père t’emmène au cinoche.


Ce jour-là, en tout cas dans mon souvenir, tout est parfait. Nous sommes seulement mon père et moi, ma main dans la sienne. Le mot geek n’existera pas avant une bonne décennie, vous imaginez un peu ! Du coup un geek dans les années soixante-dix c’est quoi ? Rien qu’un électronicien qui bricole des trucs chelous pour capter des satellites mageeks. Des montages tout plein de machins analogeek : condensateurs, impédances, ampli RF. Et l’odeur de la soudure à l’étain. Bref, un geek c’est mon père.

Et ce jour-là il m’emmène voir Star Wars au cinoche.

Nous arrivons grave en retard pour la séance. Manquerai plus qu'on respecte les horaires ! Négociation avec la caissière. Dans mon souvenir elle est moustachue avec des grandes dents pointues. Au bout d’un moment elle nous laisse entrer. Ouvreuse, lampe de poche, on se faufile, on s’assoit.

Et là putain le choc !

Parce qu’on est pile au moment où le faucon millénium passe en vitesse lumière. Comprenez bien le contexte : dans les seventies les références en matière d’effets spéciaux sont singulièrement limitées. Perso j’en suis à peine aux bases : genre la fin incompréhensible de 2001 l’Odyssée de l’Espace, pas plus.

Autant dire que la force est avec nous : à peine tu t'assois, bim, le faucon millénium passe en vitesse lumière ! La grosse baffe, l’accident de voiture, le coup de matraque sur un crâne d’étudiant. Et surtout, surtout, ce sentiment que mon père et moi on vit exactement le même truc, au même moment, ensemble. Quand tu prends un faucon millénium dans la tronche sans préliminaires il n’y a pas d’âge qui tienne, pas de génération. Si tu n’es pas geek tu ne peux pas comprendre. Cela dit si tu n’es pas geek tu ne lis pas Metallurgeek.

Bref, on se goinfre la seconde moitié du film en comprenant plus ou moins rien du tout. Vu qu’on a manqué tout le début : le généreek en perspective, les scènes d’exposition, l’élément déclencheur, les bases de l'intrigue. Je me souviens vaguement que tout va très vite jusqu’à la fin du film. Mettons le temps de faire Tatooine – Coruscant un jour ou y a pas grève.

Cher lect.eu.r.ice n’arrête surtout pas ici parce que le meilleur c’est maintenant.

Fin du film donc. Les gens se relèvent et quittent la salle. Dans mes yeux starwarisés c'est une armée de clones. Moi aussi je vais pour me lever… Main de mon père sur mon épaule : « on reste dans la salle, le film va bientôt recommencer. » Il précise même que mon cerveau n’aura aucune difficulté à tout remettre dans l’ordre. C’est beau la confiance !

La force est avec nous, je l’ai déjà indiqué. Normal donc que la prédiction se réalise. De nouveaux clones entrent petit à petit, s’assoient. Moi j’ai un peu peur que la caissière moustachue (un Wookie ?) vienne nous sortir parce qu’on n’a pas payé pour la séance suivante. La lumière s’éteint, me voilà un peu rassuré. Et – miracle de la force ou magie du cinéma – une nouvelle projection démarre.

Découvrir Star Wars pour la première fois et demi, c’est tout bonnement l’extase.

Aujourd’hui, je veux dire en [2022], ça me secoue toujours quand le faucon millénium supralumine. Chaque fois aussi fort. Et pareil pour mon père n’en doutez pas. Une version fusionnelle du mal des transports en quelque sorte.

En revanche je ne suis pas certain que mon cerveau ait tout bien remis dans l’ordre. Pire encore avec les épisodes 1, 2 et 3 sortis après les 4, 5, 6 et les 7, 8, 9 juste après les 1, 2, 3. J’ai toujours l’impression d’être décalé d’une demi-séanceJe préfère comme ça ;)


(repost) À la bourre-hâtif

Je déboule en re-tartare à la gare Saint-Lasagne. En robe des champs, encore un peu cassoulet de la veille, chaussons aux pommes aux pieds. Je cours et paf, la bûche de Noël ! Je me relève trop tartiflette : mon train-de-côtes s'éloigne déjà.

Vite au Métro. Changement Opéra-ganache, puis stations Saint-Jacques poêlées, Ternes-au-mix, Madeleine de Proust et me voici enfin agar-agar Montparnasse. Salsepareille ! Trop tartine encore une fois. Je ratatouille le Paris-Brest de sept-heures-huîtres.

Quelle truffe ! Même pas de galette pour un taxi. Je tournedos et m'en vais à pieds-paquets. J'ai oublié mon manteau, ail-en-chemise, ça caille. Je frissonne carpaccio. À tous les cou-farci je vais attraper un baba-au-rhum.

Je court-bouillon, je vol-au-vent, mais avec mes cuisses de grenouilles me voilà tout essoufflé au fromage.

Et finalement quelle chance ! Juste au coing j'aperçois une pot-au-feu tricolore. C'est Charlotte-Framboise au volant de sa quatre-quarts à gros boudins noirs. Je lui fais couscous et m'entremets direct dans sa voiture.

Allez gigot, dit-elle, écrasant le champignon pour faire chauffer le turbot. Et nous voilà, taillant la bavette, sur la choucroute de Rungis !
 
(Faut que j'arrête de lire du Queneau pendant mon régime). 


 

À la bourre-hâtif

Je déboule en re-tartare à la gare Saint-Lasagne. En robe des champs, encore un peu cassoulet de la veille, chaussons aux pommes aux pieds. Je cours et paf, la bûche de Noël ! Je me relève trop tartiflette: mon train-de-côtes s’éloigne déjà.

Vite au Métro. Changement Opéra-ganache, puis stations Saint-Jacques poêlées, Ternes-au-mix, Madeleine de Proust et me voici enfin agar-agar Montparnasse. Salsepareille ! Trop tartine encore une fois. Je ratatouille le Paris-Brest de sept-heures-huîtres.

Quelle truffe ! Même pas de galette pour un taxi. Je tournedos et m’en vais à pieds-paquets. J’ai oublié mon manteau, ail-en-chemise, ça caille. Je frissonne carpaccio. À tous les cou-farci je vais attraper un baba-au-rhum.

Je court-bouillon, je vol-au-vent, mais avec mes cuisses de grenouilles me voilà tout essoufflé au fromage.

Et finalement quelle chance ! Juste au coing j’aperçois une pot-au-feu tricolore. C’est Charlotte-Framboise au volant de sa quatre-quarts à gros boudins noirs. Je lui fais couscous et m’entremets direct dans sa voiture.

Allez gigot, dit-elle, écrasant le champignon pour faire chauffer le turbot. Et nous voilà, taillant la bavette, sur la choucroute de Rungis !

 

(Faut que j’arrête de lire du Queneau pendant mon régime). 

(repost) Faut-il terminer une chose avant d'en commencer une autre ?

Hmmm, voilà une question bien difficile... Faut-il terminer une chose avant d'en commencer une autre ? Le genre de question à se prendre le menton d'une main et à froncer les sourcils de l'autre pour montrer qu'on réfléchit en profondeur. Ou pas. Parce qu'on pourrait aussi dire que la question a un caractère tellement général qu'elle en devient débile. Ouaip.


The Walkilg Dead Saison 03
N'empêche que, cette question, on peut se la poser très concrètement là tout de suite maintenant. Exemple : soit une série télé américaine dont on souhaite regarder le dernier épisode de la saison 3, que nous noterons TWDS03E16 pour simplifier. Soit une seconde série télé américaine dont on souhaite regarder le premier épisode de la saison 3, que nous noterons GOTS03E01 pour simplifier. La question devient : faut-il terminer TWDS03E16 avant de commencer GOTS03E01 ?

100% des lecteurs du blog Getting Things Done, la célèbre méthode de gestion du temps, répondent : "Oui ! Il faut terminer la série en cours, puis, éventuellement, dans un second temps, si les ressources sont suffisantes, on peut envisager de démarrer la série suivante." Genre One Thing at a Time. Quel classicisme, quel conformisme, quelle orthodoxie ! Beurk ! Pourquoi pas planifier tant qu'on y est ?

Game Of Thrones Saison 03
Les lecteurs de MetallurGeeK répondent tout autrement. 50% s'en tamponnent solidement, mais d'une force qu'on peut même pas imaginer. Les trois autres lecteurs(*) se sont déjà goinfrés plusieurs fois TWDS03E16 et GOTS03E01 sans même se souvenir par quel épisode ils ont commencé et - symétriquement - par quel épisode ils ont terminé. Il y aurait à écrire sur le rôle de l'alcool dans cette partielle amnésie, mais là n'est pas le sujet.

Pour ma part, voici de quelle manière je m'extirpe de cette délicate dialecteek. Ça se fait en trois étapes importantes, étapes que je vais généraliser ensuite en une nouvelle méthode de gestion du temps, mais n'anticipons pas.

Etape 1 : fuir !
La première étape consiste à fuir le problème en commençant une troisième chose. En l'occurrence je m'empresse de visionner un épisode d'une autre série n'ayant RIEN À(**) VOIR AVEC TWDS03E16 ET GOTS03E01. Il est important que la troisième chose n'ait absolument rien à voir avec le reste. Dans le cas présent je décide de visionner un épisode que l'on notera CULTS01E01 pour simplifier. CULT est une série à priori nulle à chier, ce qui me dispensera probablement de devoir la terminer un jour, ouf ! Notez bien que - dès cette première étape - je m'emmêle les pinceaux parce qu'en fait je visionne l'épisode 6 qu'on notera CULTS01E06 pour simplifier, au lieu de CULTS01E01. Du coup je comprends rien. Mais c'est pas grave parce que là c'est juste pour exemplifier le principe.

Etape 2 : courir !
Me voilà maintenant avec un problème différent du précédent. J'ai en effet le choix entre visionner TWDS03E16 ou GOTS03E01 ou CULTS01E01 (sans me tromper cette fois). Ce nouveau problème atteint une complexité suffisante pour me prendre assez sérieusement la tête. Ce qui me conduit tout naturellement à la deuxième étape cruciale, la clé de voute de la méthode : enfiler mes chaussures de sport et courir un bon gros footing entrecoupé de pompes et de tractions.

Etape 3 : écrire !
De retour de footing tout crotté parce qu'il pleut, il reste maintenant à consolider. Je dis consolider mais d'autres pourraient dire capitaliser ou positiver. Et c'est ce que je fais, le plus simplement du monde, en écrivant le billet que vous êtes justement en train de lire. Ainsi, je capitalise sur mon expérience réussie de gestion du temps et, peut-être, je permets à chacun d'en profiter. Il est important de positiver, par exemple en remarquant que j'ai évité de m'abrutir devant des séries américaines débiles et violentes. À la place, je me suis abruti en courant, entrecoupé de pompes et de tractions.

FleeRunWrite : une nouvelle méthode de gestion du temps
L'exemple introductif, vous l'aurez compris, n'est qu'un prétexte à la présentation de ma nouvelle méthode de gestion du temps. Vous verrez à l'usage qu'il s'agit d'une méthode puissante et applicable en toute situation. J'en rappelle les étapes :
  1. Fuir ! En commençant quelque chose qui n'a rien à voir.
  2. Courir ! Entrecoupé de pompes et de tractions.
  3. Ecrire ! Pour consolider, capitaliser, positiver.
En anglais, cette méthode s'intitule : FleeRunWrite. Je choisi un nom anglais parce qu'en français ça sonne toujours moins crédible. Au début, vous aurez à coeur d'appliquer FleeRunWrite à des situations simples de la vie courante (oui, la vie courante). Par exemple en voiture : vous ne savez pas s'il faut d'abord finir votre trajet ou bien commencer un bon repas. Qu'à cela ne tienne, FleeRunWrite vous donne la réponse : commencez à vous garer en double file (Flee) ; allez courir entrecoupé de pompes et de tractions (Run) ; écrivez à la préfecture pour contester positivement l'enlèvement de votre voiture en fourrière (Write).

Un jour  je prendrai le temps d'expliquer le fondement théoreek de cette méthode, mais ça risque d'être long. En gros c'est basé sur le fait que, quand il y a le choix entre seulement deux solutions c'est toujours la troisième la meilleure, suivie d'un bon gros footing.

Epilogue
Il ne me reste plus, fidèle(s) lecteur(s), qu'à vous souhaiter une bonne gestion du temps avec FleeRunWrite. Pour ma part je vais me détendre les muscles et l'esprit dans un bon bain chaud. J'en profiterai pour visionner un épisode d'une série américaine débile et violente que j'affectionne tout particulièrement, épisode dont le choix reste encore à déterminer.

(*) un bref calcul indeek donc que MetallurGeeK a maintenant 6 lecteurs :)
(**) oui, je mets parfois l'accent grave sur le À majuscule. En revanche j'ai du mal à faire les é majuscules. Comme quoi.

Traduire c'est trahir

La tour de Babel(*)

En cours d’anglais, j’ai appris que to understand signifie comprendre. En première approximation, c’est vrai. Mais attention… traduttore traditore.


Comprendre


Littéralement comprendre c’est "prendre ensemble". Com-prendre. C’est un de mes mots préférés. Et aussi un de mes maux préférés. J’aime l’idée de prendre des éléments ensembles pour en faire jaillir de la compréhension, comme une propriété émergente de l’agrégation sélective d’information. Et comme j’adore les clichés, j’ajouterai que cette démarche me semble très française, voire franchouillarde : considérer des tonnes d’éléments de contexte plutôt que cibler le problème précis. Et à la fin, bim ! On comprend ! Le risque bien sur c’est qu’on ne comprend pas forcément quelque chose en rapport avec le problème initial. Mais bon, on fait quand même avancer le schmilblick (l’état-de-l’art en version pédante).

Understand


Allez, passons aux anglo-saxophonistes. En anglo-saxophonie, on ne comprend pas, on understand. Littéralement on "sous-tend". On déniche ce qui se trouve en dessous. C’est tout autant un de mes mots/maux préférés. J’y vois l’idée de résoudre une énigme. Bien souvent l’on accède à la surface des choses. Mais dès lors qu’on understand on trouve une cause, un élément auparavant caché, qui révèle pourquoi la surface est ce qu’elle est. L’effet euréka. Et comme j’adore les clichés, j’ajouterai que ça me semble très américain. Straight to the point ! Le risque bien sûr c’est de louper quelque chose d’essentiel dans le contexte, mais au moins on a fait avancer le problème posé.

Application prateek


Alors pourquoi faire la différence à ce point entre les deux concepts ? Que peut on en retirer d'utile ? Je fais deux propositions, une prateek, un théoreek.
En prateek, j’en retire l’idée qu’il y a toujours deux moyens (au minimum) d’aborder un problème : essayer de le comprendre, essayer de le understand. Pour être honnête, la plupart du temps je ne bite rien à rien. Mais parfois je suis capable de comprendre. Parfois je suis capable d’understand. Les rares moments ou à la fois je comprends ET j’understand, alors là ça confine aux limites de l’extase mysteek transcendantale. Comme quand t’écoutes Alcest –Percées de Lumière en te faisant gratter le dos par deux hôtesses de l’air business class (une rousse, une brune).

Application Theoreek


En théorie, j’y vois une preuve tangible, un artefact linguisteek, de la difficulté de commu-niquer entre les peuples. Certes, nous sommes habitués à ce que les mots ne veuillent pas tout-à-fait dire la même chose. Mais là on parle du concept même de comprendre/understand. Si simplement le mot comprendre/understand ne recouvre pas les mêmes concepts, ça ne va pas être évident de traduire. De là, je vois deux attitudes possibles (que je vais caricaturer très légèrement). Attitude 1, on se lance des bombes nucléaires à la tronche jusqu’à épuisement. Celui qui reste en dernier a gagné : c’est lui qui utilisait le meilleur concept de compréhension/understanding. Bravo. Attitude 2, on partouze à gogo, on se vautre dans la luxure linguisteek, on se cross-pignole de nos infinies différences subtiles, jusqu’à faire jaillir des concepts que ni l’un ni l’autre n’aurais pu espérer atteindre seul. Tiens, ben on n’a qu’à appeler ça « faire de la recherche internationale. »

Epil(ation)log


Chacun choisi l’attitude qu’il veut et surtout invente la sienne. Vous êtes grands, je vais pas tout vous prémâcher non plus. Mais perso, entre deux attitudes débiles, je préfère toujours la plus sexy. Je laisse en exercice la question du chinois. A priori comprendre se traduit par 理解 alors que understand se traduit par 了解. D'ailleurs, s’il se trouve un sinophile parmi mes éminents lecteurs (Antoine :) je ne suis pas contre une discussion autour d’une bière. Pareil en arabe classeek. Understand se traduit تفهم alors que comprendre se traduit فهم.

Allez, une petite blague pour la route : Eh Metallurgeek, tu sais ce que ça veut dire I don’t know ? Euh… Je sais pas.



(*) L’image c’est la Tour de Babel. Certes j’ai un peu manqué d’imagination sur ce coup-là. J’aurais pu mettre la Tour de Schuiten mais je ne sais pas si c’est libre de droit. Quand j’étais jeune (l’année dernière quoi) j’étais plus créatif. Je collectionnais soigneusement toutes les paraffines de babybel. J’en avais fait une « tour » de 40 centimètres de haut. La fameuse tour de Babybel.


J'ai testé le Hell-Feed


Ayé, j’ai reçu mon pack découverte feed ! Deux barres, une bouteille de mélange prêt à boire, deux bouteilles de poudre à mélanger soi-même-tout-seul-comme-un-grand.

Ça fait quelque temps que je m’intéresse intellectuellement à ce type de nourriture, sans jamais vraiment essayer. Mais là bon, de la bouffe végan(*) sans gluten(**) fabriquée en France, je me dis qu’il faut tenter.

Avertissement : je suis blogueur pas influenceur. Je relate une expérience perso et Feed ne me lâche pas de la grosse caillasse pour que je parle d’eux en bien à mes 42 lecte.ur.i.ce.s (t’ain c’est trop compliqué le langage inclusif, je vais dire followers).

Les objectifs précis de mon test

1) Voir si ça me nourrit et quel format me convient le mieux.
2) Voir si c’est moins cher à l’usage que mes habituels sandwich-mayo-animal-mort-soda.
3) Voir si je peux gagner du temps/confort le midi après le sport.
4) Voir si c’est rigolo quand on mélange avec de la bière.

Les goûts et les couleurs

Pour ce test, un seul point m’indiffère : le goût. Il se trouve j’ai des goûts de chiottes. En général certes, mais plus particulièrement en matière de nourriture. Donc le fait que j’aime - ou pas - ne vous sera d’aucune utilité. Limite quand je dis que j’aime faut se méfier.

De plus, grâce aux miracles de l’ingénierie alimentaire je sais qu’à peu près n’importe quoi peut avoir à peu près n’importe quel goût. Ceci-dit, si le côté gustatif vous intéresse, voici quelques vidéos plutôt bien faites qui en parlent.

Premier essai : raté !

Je me fais taxer ma première barre par tous les crève-la-dalle de ma famille qui veulent essayer. Obligé de tronçonner en tout petits bouts, la loose, il m’en reste que la moitié d’un cinquième(***).

Je suis formel, un dé à coudre de barre pomme-cranberies ça ne nourrit pas assez. À mon avis ça s’appleek aussi aux autres parfums.

Je décide de planquer ce qui reste de mon pack découverte avant que les autres crevards malnutris me taxent tout.

Deuxième essai : pas mal :)

J’englouti la bouteille de mélange vanille tout prêt. Il est 13h et mon p’tit dèj est déjà loin. J’ai carrément la jaffe et donc je m’injecte toute la bouteille d’un trait sans même bouger la glotte. Forcément ça pèse sur l’estomac pendant une bonne demi-heure. Normal. Avec de l’eau pure ça aurait fait pareil. 750ml sans déglutir y a qu’avec la bière que ça passe crème.

Par-contre début d’aprèm nickel, comme après un déjeuner léger quoi. Quand même vers 17h je mange une vielle banane toute noire et une clémentine sans la peau.

Intermède diététeek

Je parle de mon essai autour de moi et on m’indeek que l’aspect « composition » est super important. Genre tout ce qui est valeur nutritionnelle, ingrédients, calories, vitamines… En effet ça doit être primordial parce que mes potes en discutent longuement.

Pour être sympa je regarde un peu les étiquettes. Bon, en fait c’est marqué trop petit. Je laisse tomber l’aspect composition et je reste sur mes objectifs initiaux.

Troisième essai : bien

Je m’attaque à la bouteille de poudre tomates à la provençale. Pour cet essai je mélange avec du lait de chèvre (entier). Normalement il faut mélanger avec de l’eau. Mais la bouteille est à moi alors je fais ce que je veux avec. Et puis la chèvre ça m’évoque la Provence, Monsieur Segin.

Et ben vous n’allez pas le croire mais c’est pas mal du tout. Pas faim jusqu’à 19h30. Enfin je veux dire pas plus faim que d’habitude parce que j’ai toujours plus ou moins la dalle. Petit détail, j’ai bu un peu moins vite qu’au premier essai. Possible que ça joue.

Je suis vaguement inquiet concernant l’absence de mastication évoquée dans certaines vidéos. Mais illico je me souviens que je ne masteek pas non plus mes sandwichs. Du coup ça va.

Côté prateek c’est un peu Rock&Roll… Parce que je ne vous ai pas dit mais après le sport je mange dans ma voiture #viedemerde. J’aime bien ça me permet d’écouter OKLM le début de la tête au carré.

Alors certes la voiture n’est pas l’endroit idéal pour mélanger des trucs. Mais ça reste jouable. Le coup à prendre c’est de faire ça au-dessus du siège passager comme pour le sexe. Je mets la bouteille de poudre à l’horizontale - bien comme ils disent sur le site web - pour pas faire de grumeaux. Et je transvâââse au mieux. Je suis content parce que ça n’en renverse presque pas sur le siège passager. Maintenant je secoue fort comme dans un mosh-pit. Un mec qui passe sur le parking fait comme s’il ne me voyait pas.

Bon faut avouer, à cause du lait, des grumeaux il en reste quand même. Ceci-dit ça ne me dérange pas. C’est même marrant d’essayer de les chopper avec les dents. Et puis je ne comprends pas très bien cette obsession d’éviter les grumeaux, on s’en fout un peu ou bien ?

En termes de quantité, un litre de lait de chèvre ça fait trop. Ça ne tient pas en entier dans la bouteille de feed. Même en comptant ce qui coule sur le siège passager. Du coup je termine le lait pur vers 17h30. Mais pas par besoin de me nourrir, juste pour pas gââââcher.

Quatrième essai : pas assez pour moi

Je déjeune avec juste la deuxième barre du pack découverte. Sympa à mâcher mais y en a pas beaucoup. Comme boisson je me tape 1,5 L de Dr Pepper. C’est dégueu mais j’adore. Je ne sais pas si c’est psychologeek ou pas mais j’ai la jaffe pendant toute l’aprèm. Je braquerai volontiers une banque alimentaire.

Pas à tortiller, une seule barre ne suffit pas à mon régime de sportif bedonnant. Je les mangerai deux par deux ou je complèterai avec des cochonneries genre tomate, pomme ou orange.

Cinquième et dernier essai : une tuerie !

L’étape tant attendue : le mélange à la bière. Alors déjà je ne choisis pas n’importe quelle bière. J’opte pour LA bière du HellFest. Deux bouteilles.

Tiens, petite digression pour vous parler de cette bière : démentielle ! Ce sont les brasseries Mélusine(****) qui élaborent ça. Sises juste à côté de Clisson comme quoi la nature est bien faite. Une I.P.A. de malade mental callée à 6.66° the-taux-d’alcool-of-the-beast. Avec mode et rations bien entendu l’abus d’alcool étant dangereux pour la santé(*****). Parfumée comme une jeune mariée, puissante comme l’intro de walk, amère comme spleen et idéal, longue en bouche comme un growl de Summoning. On la trouve maintenant dans certains supermarchés. Quand la bouteille est vide tu peux faire comme avec les coquillages : tu mets contre ton oreille et t’entends la War-Zone !

Revenons au sujet. Côté prateek c’est limite limite. Feed n’a clairement pas anticipé le mélange à la bière, faut que je leur fasse un e-mail. Sérieux ça mousse direct pire qu’un mentos dans du Breizh-Cola. Et encore, je n’ai pas commencé à secouer.

Faut verser toooouuuut dooouuucement, laisser retomber la mooouuusse (c’est long) et reverser petit à petit. Moi ça me gave. Au bout d’un temps j’aspire la mousse direct avec la bouche pour refaire de la place. Euh, là je fais ça chez moi hein, pas dans la voiture parce que le siège passager n’a pas fini de sécher.

Bref je parviens à verser la quantité de bière requise. Même phénomène qu’avec le lait de chèvre : il y a du surplus. Obligé de boire la bière pure, la mort dans l’âme.

Etape suivante : v’là l’enfer pour secouer ! Alors je vous donne deux trois trucs pour quand vous le ferez vous-même : 1) bien bien bien fermer la bouteille 2) garder un torchon à portée de main 3) ouvrir un petit peu de temps en temps pour laisser s’échapper du gaz. Mais même comme ça je vous rassure on s’en met partout.

Et hop je bois mon Hell-Feed. Là ça prend un moment de temps. J’ai annoncé au début du billet que je n’évoquerai pas le goût : tant mieux. Côté nutritif je suis formel, ça fait précisément le même effet qu’une bouteille de feed normale plus deux bières HellFest. En fait je crois qu’il n’y a pas besoin de mélanger les deux, je ne recommencerais pas.

Conclusion : eh ben ça le fait

Pour l’usage que j’en ai, ça me va. Attends, je reprends les quatre objectifs du début.

1) Voire si ça me nourrit et quel format me convient le mieux.
Les bouteilles c’est impec. Les barres c’est un peu lèj pour moi.

2) Voire si c’est moins cher à l’usage que mes habituels sandwich-mayo-animal-mort-soda.
Ah ben tiens, j’ai complètement oublié d'évoquer le prix. Mais clairement ça revient moins cher que des King-Donald. Même en comptant le prix du lait de chèvre.

3) Voire si je peux gagner du temps/confort le midi après le sport.
Clairement oui. Juste je fais mes mélanges à l’avance pour épargner ma voiture.

4) Voire si c’est rigolo quand on mélange avec de la bière.
Putain ouais !!!!

Epi(co)logue

Là je me suis racheté deux gros sachets, parfum nature. J’ai repris quelques barres aussi. Parce que j’ai plein d’autres idées…

Pour le p'tit dèj notamment : mélangé avec de l’eau, du jus de fruit, de la vitamine C effervescente et deux guronsan. Sur les barres je vais tartiner du caramel beurre salé et tremper dans le café (ça j’essaye demain matin).

Je réfléchi aussi à une version revisitée de ma célèbre mousseline d’étudiant mais là attention, c’est niveau 3ième dan.




(*) Je ne suis pas complétement végan, je suis métalleux. Mais végan ça me plait quand même.  Foutre la paix aux animaux j’aime bien l’idée.


(**) Perso je n’ai rien contre le gluten d’autant que je ne sais pas exactement ce que c’est. Mais j’ai deux ami.e.s qui mangent sans gluten. Sont pas plus cons que les autres. Comme quoi l’absence de gluten ne doit pas être bien dangereuse.


(***) 10%, t’as bon.


(****) M. et Mme Enfaillite ont une fille. Mélusine, oui. Tiens je profite que tu lises la note de bas de page pour préciser que les Brasseries Mélusines ne me lâchent pas non plus des thunes pour que je parle d’eux. Par-contre moi, qu’est-ce que j’en achète !


(*****) Je connais un gars il est devenu plus con que son hamster à cause de la picole. Et à la base son hamster c’était pas un prix Nobel.


La proportion de cons dans tous les milieux

Une grande constante universelle, disait un de mes maîtres à penser, c’est la proportion de cons dans tous les milieux.

Certes il y a aussi la constante de Planck(*), le nombre d’Avogadro(**) et bien d’autres constantes issues notamment de la physeek (classeek ou quanteek)… mais ma constante préférée ça reste la proportion de cons dans tous les milieux. 

Notons la PDCDTLM pour « Proportion De Cons Dans Tous Les Milieux » (ne pas confonde avec PDCDLTLM pour « Proportion De Cons Dans Les Terres Du Milieu »).

Il est très difficile d’estimer la valeur exacte de la PDCDTLM. Des chercheurs de classe internationale s’accordent toutefois à dire que ça tourne autour de 1/7. Autrement dit, dans un groupe de 7 personnes il y a forcément un con. Bien sûr faut analyser : par exemple dans un groupe de 7 gugusses déjà cons, il y a 7 cons. Mais alors il y en a quand même un qui est plus con que les autres. On le note LCDG pour « Le Con Du Groupe »

Faites l’expérience au sein des groupes que vous connaissez. Et surtout, gardez à l’esprit que LCDG peut tout à fait être vous. Exemple: vous êtes avec six camarades et ils sont tous brillants et sympatheeks. Eh bien c'est mauvais signe pour vous, vous êtes le maillon faible, pardon vous êtes LCDG. Par contre, eux ils sont tranquilles.

C'est à cette tranquillité du groupe, précisément, que LCDG est utile: il rassure les autres sur leur intelligence.

Sans entrer dans les détails (des noms ! des noms !) j’ai fréquenté plusieurs groupes d’au moins sept personnes, tous dotés de LCDG comme il se doit. Et, oui, parfois LCDG c'était moi. Assez souvent en fait. Un jour d’ailleurs j’ai quitté un groupe exprès pour ça : j’en avais marre d’y faire le con et j'ai lâchement laissé ce rôle à d'autres.

Il existe une variante de la Proportion De Cons Dans Tous Les Milieux. C'est la Proportion De Traîtres Dans Tous les Milieux (la notion de traître restant largement à définir). Empiriquement, tout groupe de sept personnes contient généralement un traître.

Bon, évidement il y a quelques exceptions. Par exemple Judas était dit-on un traître, mais dans un groupe de 13. Autre exception : les 7 nains, groupe dans lequel il est difficile d’imaginer un traître (Grincheux ? Simplet ?). À la limite ce serait Blanche-Neige la traîtresse vu qu'elle s'est barrée avec le prince charmant. Mais c'est un peu facile - je trouve - de tout mettre sur le dos de la seule nana du groupe. Bon, à part les apôtres et les nains, ça marche plutôt bien. Bien sûr, le traître peut *en plus* être le con du groupe. On a alors à faire à un con de traître, typiquement le roi d'Orcanie dans Kaamelott.


Les lecteurs habitués savent déjà qu'à ce moment précis de l'article, je ne sais plus du tout où je veux en venir. Peut-être à une expérience ancienne, et un peu étrange, où je m'étais senti à la fois LCDG (haut la main !) et à la fois très heureux de ne pas étaler le peu d'intelligence dont j'étais alors doté. Peut-être ai-je trahi en jouant LCDG pour rassurer les autres ? Ou pas.

Pour finir, citons de mémoire cette phrase piquée dans le (très moyen) livre de Harry Harrison et Marvin Minsky : « Il n'est pas nécessaire d'être intelligent, il suffit de faire suffisamment bien semblant. » Si on y réfléchi, c'est une excellente définition de l'intelligence, qui s'étend notamment à l'intelligence artificielle (l'intention première de Marvin Minsky). Mais bon, faut y réfléchir, c'est chiant.

Marvin


(*) Pour rappel, la constante de Planck vaut entre pas bézef et un pouième (à un quart de poil près).
(**) Pour rappel, le nombre d’Avogadro(***) vaut entre un max et une blinde (à un godet de pelleteuse près).
(***) À vos Gadros… prêt… partez !