Or donc, dans un coin du bout de terrain pousse une ronce. Mais alors la ronce du genre balèze. Une méta-ronce, que dis-je une métal-ronce ! Ça fait deux ans que je la traque à mort et qu’elle survit. Il faut préciser que je mène le combat à la loyale : pas de Monsanto, pas de napalm (death:), pas de bulldozer. Tout à l’ancienne : sécateur et gant de cuir.
Et bien ma ronce, dans le genre coriace, elle s’accroche au sol aussi fort que Kate Winsley à Leonardo Di Caprio dans Titanic. Plus fort même, puisqu’à la fin il coule quand même(*). Le scénario est toujours un peu le même : je coupe les tiges aériennes les plus grosses puis j’arrache autant que possible les têtes de ronces avec les parties souterraines. Et là commence l’horreur : plus j’en enlève plus il y en a. Des pousses plus petites certes, mais alors tout plein partout. En fait c’est fractal. Tu détruits la bestiole à une échelle mais elle existe quand même à d’autres échelles. Comme une hydre récursive. Au bout d’un mois ou deux, tout est à recommencer ; sans compter les tiges aériennes qui avaient miraculeusement échappé au massacre précédent et qui sont devenues majeures entre temps, se sont mariées, ont fait des petits. Je ne sais pas combien de biomasse ça produit en tout mais au bout d’un moment j’en rempli des caisses et des caisses. Vous avez compris le principe : c’est juste immortel.
Alors quand je pense à tous ses candides qui se demandent s’il y a de la vie dans l’univers, je me permets de rigoler doucement. Evidemment qu’il y a de la vie ! Des ronces, des ronces partout ! Tiens, envoyez donc un bout de ma ronce sur mars. Le genre bien craignos : pas d’atmosphère, bourré de rayonnements durs, ça caille et tout et tout. Attendez deux ans et vous verrez la gueule de la planète rouge : toute couverte de ronces ! Voilà ce qui va se passer ! D’ailleurs ma ronce je me demande si elle vient pas justement de l’espace. Sans déc, pour être aussi résistante à tout, je ne vois pas ce qui aurait pu créer une mutation pareille sur terre. Nan, c’est sûr, ça vient de la haut. Neuf chances sur dix que ce soit une putain d’invasion extra-terrestre qui commence sous forme de ronce ici et maintenant, pile dans mon petit bout de terrain. Parano ? Quoi parano ? Parano-rmal peut-être…
Tout ça pour dire que quand je suis dans le jardin avec mes americana, mon vieux short en 501 déchiré et mon t-shirt AC/DC et bien je ne déronce pas chers lecteurs, oh que non : je sauve la planète ! Et pour me donner du cœur au ventre, je me chante la chanson de biomasse :
Moitié homme, moitié robot
Le plus valeureux des héros
Biomasse Biomasse
Défenseur de la terre
Comme un arc-en-ciel courageux
Rouge, rose, vert, jaune et bleu
Biomasse Biomasse
Héros de l'univers
(*)Léonardo pas le Titanic(**)
(**)Euh, si, le Titanic aussi il coule.